Le pari gagnant de l’insertion par l’Activité Economique
Assistantes maternelles, animateurs petite-enfance, ATSEM, auxiliaires de puériculture : le secteur de la petite-enfance offre de nombreux débouchés. Il est aussi particulièrement attractif auprès de personnes éloignées de l’emploi depuis plusieurs années. Parmi elles, des femmes et des mères de famille que leurs parcours et expériences ont rendues plus que compétentes pour prendre soin des plus petits. C’est sur la base de ces constats prometteurs que le Centre Social Alma a développé son Atelier Chantier d’Insertion (ACI) Petite Enfance. L’objectif : permettre aux personnes accompagnées d’acquérir à la fois de l’expérience professionnelle et une qualification. Le point sur ce dispositif d’insertion pro avec l’accompagnatrice socio-professionnelle et les deux responsables des haltes garderies du Centre Social Alma
Les Ateliers Chantiers d’Insertion : le double objectif de l’emploi et de la certification
Les personnes accompagnées par les professionnels du Centre Social Alma ne manquent souvent ni d’envie, ni de compétences, ni de ressources. Mais aujourd’hui, sur le marché du travail, pas d’emploi sans qualification.
Définir et confirmer un projet professionnel qualifiant
Le Chantier d’Insertion Petite Enfance est un dispositif du Centre Social Alma qui permet à des personnes éloignées de l’emploi d’acquérir une expérience professionnelle qualifiante tout en s’engageant dans une démarche de formation. A termes, l’objectif est donc d’obtenir une certification dans le domaine de la petite enfance et trouver un emploi à la sortie du dispositif.
Comment en bénéficier ? Explications de l’accompagnatrice socio-professionnelle en charge de l’ACI : « Les personnes que nous accompagnons ont souvent été orientées soit par Pôle Emploi, soit par les partenaires du territoire comme les référents PLIE, soit par nos collègues du Centre Social.»
Le Centre Social est référencé comme une SIAE auprès de Pôle Emploi. Les candidatures sont donc nombreuses mais les places comptées : en 2020, 7 personnes ont signé un contrat dans l’une des deux haltes garderies du Centre Social. Ce sont 10 personnes, en moyenne, qui sont accompagnées chaque année dans le cadre de ce dispositif.
« D’abord, nous organisons un premier entretien de recrutement où nous évaluons la motivation de la personne à reprendre une formation ainsi que la faisabilité du projet par rapport à sa situation personnelle. Les personnes sélectionnées signent un Contrat à Durée Déterminée d’Insertion (CDDI) de 6 mois, renouvelable jusque 24 mois en fonction de son avancée dans le parcours. »
L’objectif d’un CDDI est bien de favoriser l’insertion professionnelle par la mise en place d’un accompagnement personnalisé : « Nous partons vraiment des personnes, de leurs besoins mais aussi de leurs envies. Au fur et à mesure de l’accompagnement, nous confirmons ou infirmons le projet professionnel. Soit les personnes se rendent compte que la petite enfance n’est pas un secteur qui leur convient et alors, nous les réorientons. Soit ça leur plaît, elles ont des compétences et nous entrons alors dans une autre phase de l’accompagnement. »
S’appuyer sur les structures existantes du Centre Social
Comme nous l’expliquent les responsables des haltes-garderies Pimprenelle et Nicolas et Polichinelle, toutes les deux encadrantes techniques pour l’ACI : « Le secteur de la Petite Enfance est un secteur qui recrute énormément. En effet, il y a beaucoup de besoins pour faire garder les enfants mais finalement trop peu de places et une pénurie de personnel qualifié. »
Le Centre Social Alma, quant à lui, possède deux structures d’accueil de ce type et un nombre conséquent de personnel qualifié dans ce domaine. L’idée de ce dispositif est donc de s’appuyer sur les équipements Petite Enfance et les compétences des professionnels du Centre Social pour sensibiliser aux métiers de la petite enfance et faire de ce secteur d’activité un véritable levier d’insertion.
Le Centre Social Alma dispose de plusieurs dispositifs d’insertion professionnelle. Découvrez Synergie Pour l’Avenir des Jeunes, le dispositif à destination des 16 – 29 ans
Une dynamique d’accompagnement global
L’accompagnement mené dans le cadre de l’Atelier Chantier d’Insertion Petite Enfance relève tout d’abord d’un accompagnement social, puis d’un accompagnement à la formation et enfin d’un accompagnement professionnel. L’objectif à la sortie : autonomie dans la recherche d’emploi, qualification et certification sur le CV !
Permettre aux personnes de s’engager pleinement dans leur parcours d’insertion
Le premier frein à lever en matière de retour à l’emploi est celui de la situation personnelle. La personne accompagnée doit être disponible pour s’engager entièrement dans son parcours de formation et d’insertion. L’accompagnatrice socio-professionnelle nous explique : « D’abord, nous devons nous assurer que les questions de garde d’enfant soient réglées. Ensuite, nous apportons notre soutien pour les démarches administratives : quand on devient salarié, ça change les statuts et il faut relayer toutes ces informations à la CAF, la Sécu etc. Enfin, nous travaillons au quotidien pour les faire gagner en confiance : nous pouvons par exemple nous déplacer avec eux auprès des organismes de formation. Ca les rassure et ensuite ils font ça tout seuls. » Finalement, trouver un emploi et devenir salarié oblige les personnes accompagnées à adopter une nouvelle posture. Le rôle de l’accompagnatrice socio-professionnelle est aussi de permettre le développement des savoir-être que la situation impose : « Quand c’est nécessaire, on s’appuie sur les ateliers collectifs menés au sein du Centre pour développer les compétences. Atelier de perfectionnement de la langue, savoir-être au travail, pratique du numérique : ce sont des clés pour les soutenir dans leur parcours d’insertion professionnelle. Ce qu’on vise, c’est qu’elles deviennent autonomes dans leur recherche d’emploi à la sortie de l’ACI. »
Le Centre Social Alma dispose d’une équipe de professionnels qualifiés qui accompagnent au quotidien les personnes allocataires du RSA à trouver le chemin de l’insertion sociale et professionnelle
Permettre aux salariés de se former et d’être certifié
L’une des problématiques les plus importantes pour parvenir à trouver un emploi est souvent celle de la qualification et de la certification. Les personnes accompagnées relèvent de profils très différents : « Les personnes que nous rencontrons n’ont pas toutes le même âge mais surtout, elles n’ont pas toujours le même parcours. L’absence de diplôme n’est pas une règle générale. Nous avons accompagné beaucoup de femmes qui, dans leur pays d’origine, avaient un niveau master et plus en ingénierie, comptabilité, droit, communication … Mais, en France, ces diplômes ne sont pas reconnus. Il faut alors reconstruire le projet de certification. »
C’est l’accompagnatrice socio-professionnelle qui est en charge de la partie formation : « Au bout d’un mois sur le terrain, si le secteur de la petite enfance leur plaît, j’accompagne les personnes dans leur parcours de formation. On identifie la qualification visée, souvent un CAP Accompagnement Educatif Petite Enfance. Ça peut aussi être un diplôme d’auxiliaire de puériculture ou quelque chose dans le domaine de l’animation. Tout dépend du projet, des envies et des compétences. Il s’agit presque toujours d’une formation en alternance. Elles passent alors 1 ou 2 jours en formation et le reste de la semaine en halte-garderie. Dans tous les cas, ce n’est facile pour personne de reprendre une formation à l’âge adulte, quel que soit notre parcours. Il faut donc mener un accompagnement pour :
- Les démarches administratives auprès des organismes de formation, les demandes de financement
- Le suivi de ces personnes tout au long de leur parcours et le relais auprès des organismes de formation
- Le soutien individuel pour leur permettre d’adopter peu à peu une posture d’apprenant. »
Se qualifier en travaillant
Dès qu’elles sont acceptées au sein de l’ACI, les personnes sont immédiatement placées en situation de travail dans l’une des deux haltes-garderies du Centre Social Alma. Ici, ce sont les responsables qui prennent le relais. Les objectifs sont multiples.
En premier lieu, il s’agit de permettre à ces nouveaux salariés de monter en compétences grâce à l’expérience de terrain : « Dès qu’une nouvelle collègue arrive, elle fait immédiatement partie intégrante de l’équipe. Elle participe aux activités comme tout le monde. Accueil des enfants, participation aux repas, aux activités, aux sorties, changes et hygiène, sieste : les salariées en CDDI prennent part à tout. On leur demande aussi de proposer des idées, de prendre des initiatives. L’idée, c’est qu’elles soient dans une réelle posture professionnelle. »
Les personnes en CDDI peuvent alors trouver des soutiens à différents niveaux : « Il y a beaucoup d’appui, de soutien et de transmission à l’interne. Les auxiliaires en puériculture sont de précieux conseils pour tout ce qui concerne l’hygiène et la dimension sanitaire. Les éducatrices, quant à elles, viennent en appui sur la posture à adopter face à un enfant, comprendre comment lui parler et participer à son éveil. Enfin, en ce qui nous concerne, nous essayons de travailler à la valorisation et l’intégration dans l’équipe. »
A terme, ces personnes doivent pouvoir trouver un travail dans n’importe quelle autre structure grâce à l’expérience qu’elles auront acquise et les compétences qu’elles auront développées au sein des haltes- garderies du Centre.
L’accompagnement du Centre Social Alma : un accompagnement personnalisé
Il ne faut cependant pas oublier que les chantiers d’insertion s’adressent à des personnes très éloignées de l’emploi. Pour elles, confiance et relation de proximité sont deux leviers forts de réussite.
La connaissance des publics : un atout pour le retour à l’emploi
L’ACI du Centre Social Alma est pensé comme une démarche globale d’insertion professionnelle : la Petite Enfance est une porte d’entrée mais les professionnelles du Centre Social accompagnent les personnes quelle que soit l’évolution du projet. L’équipe s’accorde sur le sujet : « On est dans une perspective d’accompagnement global. Le champ de la Petite Enfance est tellement large qu’il peut y avoir une multitude de débouchés. Si quelqu’un se rend compte que finalement, il n’aime pas spécialement travailler avec les enfants, il a le droit de dire stop et changer de projet. Dans ce cas, nous essayons de l’orienter autrement. Nous utilisons l’ACI un peu comme un observatoire qui aurait pour vocation de révéler les compétences de chacun. Je me rappelle par exemple d’une dame qui adorait cuisiner pour les enfants et que l’on a fini par réorienter vers un CAP Pâtisserie. Pour favoriser le succès du parcours d’insertion, il est nécessaire d’être à l’écoute et de venir en appui des projets.»
Plus généralement, l’accompagnement de proximité est aussi ce qui permet aux personnes de regagner courage et confiance : « Les personnes que nous accompagnons manquent souvent de confiance en elles pour des raisons différentes. Nous sommes là aussi pour les encourager, les valoriser, leur montrer ce qu’elles sont capables de faire pour qu’elles regagnent la confiance perdue. Il y a parfois un sentiment de déclassement pour des personnes qui occupaient des postes de cadres, ingénieures, formatrices dans leur pays d’origine. Quand il leur est impossible de trouver des équivalents en France, il faut reconstruire l’adhésion à un nouveau projet professionnel et les aider à s’y engager pleinement. »
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La force du réseau partenarial
Les professionnelles du Centre Social travaillent avec des partenaires territoriaux parmi lesquels des organismes de formation tels que l’AREP Fresc, le centre de formation du Lycée Camille de Lellis, EIC Formation ou encore ID Formation. La collaboration de longue date entretenue entre ces organismes et les professionnels du Centre Social Alma accélère les démarches d’insertion et de formation. La relation de proximité avec les personnes suivies en CDDI aboutit, quant à elle, à des orientations pertinentes. Et les résultats sont là : en 2020, parmi les 9 personnes qui ont occupé le poste d’aide maternelle, 5 ont validé un CAP AEPE, 2 personnes ont signé un contrat de travail avec un établissement d’accueil du Jeune Enfant et 1 dernière personne poursuit son parcours auprès d’un partenaire du Centre Social.